Indications du magnésium en anesthésie-réanimation
Auteurs : Delhumeau A, Granry JC1, Monrigal JP1, Costerousse F1Le magnésium (Mg) plasmatique (N = 0,8 à 1,1 mmol.L-1) ne représente que 1% du capital magnésien. Il intervient dans de très nombreuses réactions enzymatiques comme cofacteur. A forte dose, il exerce des actions thérapeutiques quel que soit le capital magnésien du patient. La plupart des effets thérapeutiques s'expliquent par ses propriétés d'antagoniste calcique, aussi bien au niveau de la cellule cardiaque, des fibres lisses vasculaires et bronchiques, que de la plaque motrice. Les carences en Mg sont fréquentes. Le manque d'intérêt des cliniciens pour les dépister peut s'expliquer par l'absence de corrélation entre Mg plasmatique et Mg intracellulaire. La recherche d'un déficit en Mg devrait être systématique chez les patients de réanimation, les alcooliques et les sujets traités par diurétiques, digitaliques, amphotéricine, ciclosporine, gentamicine, cisplatine, peutamidine. Certains déficits potassiques ne peuvent être corrigés que par l'apport simultané de Mg. Le Mg est un anti-arythmique majeur pour le traitement des arythmies digitaliques et des torsades de pointes ; il constitue un traitement d'appoint dans différents troubles du rythme supraventriculaire ou ventriculaire. Les sels de Mg ont une place dans l'infarctus du myocarde, dont ils réduisent la mortalité, et en chirurgie cardiaque. Ils sont aussi indiqués dans la chirurgie du phéochromocytome, car le Mg diminue la libération d'adrénaline et prévient les troubles du rythme. L'intérêt du Mg dans l'éclampsie et dans la pré-éclampsie est certain, à condition de ne pas le considérer comme un anti-épileptique. Les effets secondaires les plus importants du Mg sont l'hypotension artérielle et la potentialisation des curares.