Complications tardives des prothèses aortiques sous-rénales: faux anévrismes et fistules aorto-digestives. Stratégie chirurgicale.
Auteurs : Alimi Y1, Juhan CLes faux anévrismes aorto-prothétiques (FAAP) représentent une complication tardive des restaurations aortiques abdominales et peuvent survenir avec une incidence variant de 4,8 à 6,3 %, associée à une mortalité opératoire de 21 à 35 %. Entre 1987 et 1994, 16 patients (14 hommes et 2 femmes ; âge moyen : 69,5 ans, variant de 55 à 82 ans) ont été opérés dans notre unité pour un FAAP. Il s'agissait, dans cinq cas, d'une rupture anastomotique avec hématome péri-prothétique de 50 à 75 mm de diamètre (groupe I). Dans les Il autres cas, il existait une fistule prothéto-digestive (FAD) isolée dans six cas (groupe Il) et associée à un syndrome septique localisé et/ou généralisé dans cinq cas (groupe III). Le délai moyen entre le geste aortique initial (cure d'un anévrisme aortique abdominal : 6 fois, traitement de lésions occlusives aorto-iliaques : 10 fois) et la survenue d'un FAAP était de 11,3 ans. Une restauration prothétique in situ avec épiplooplastie a été réalisée chez tous les patients des groupes I et II, associée à une fermeture duodénale chez ces derniers. Les patients du groupe III ont été traités par une exérèse prothétique avec fermeture du moignon aortique sous-rénal et confection d'un pontage extra-anatomique. Durant la période post-opératoire, cinq décès (31 %) et une amputation majeure de membre inférieur (6 %) sont survenus, répartis en un décès dans le groupe I (20 %) et dans le groupe II (17 %), et trois décès dans le groupe III (60 %) associés à une amputation de membre (20 %). Notre étude montre qu'une restauration prothétique in situ peut être proposée en cas d'effraction duodénale sans syndrome infectieux, avec des résultats comparables à ceux obtenus chez des patients porteurs d'un FAAP isolé. A l'opposé, les patients présentant un syndrome septique local et/ou général constituent un sous-groupe à haut risque chirurgical chez lesquels l'exérèse prothétique avec réalisation d'un pontage extra-anatomique entraîne une mortalité et une morbidité élevées. L'allogreffe aortique cryopréservée implantée in situ représente, chez ces derniers, une alternative envisageable (J Mal Vasc 1995 ; 20 : pages 172-176).