Objectif.-La diarrhée aiguë induite par la chimiothérapie peut, dans les cas graves, nécessiter la réduction ou l'interruption du traitement. Les anti-diarrhéiques habituels sont d'efficacité inconstante, mal évaluée ou associée à la survenue d'une constipation. Notre but a été d'évaluer l'effet éventuel d'un inhibiteur de l'enképhalinase, l'acétorphan, sur la diarrhée induite par le 5 FU à fortes doses. Patients et méthodes.-Chez 15 malades, ayant des métastases d'un adénocarcinome colorectal (n=14) ou pancréatique (n=1) et se plaignant de diarrhée alors qu'ils étaient soumis à des cycles de chimiothérapie (acide folinique 200 mg/m² et 5 FU 1 800 à 3 000 mg/m²) par perfusion de 8 heures toutes les semaines, on a relevé le nombre et la consistance des selles pendant la semaine suivant un cycle de chimiothérapie. Lors du cycle suivant, la même surveillance a été effectuée alors que les 15 malades recevaient un traitement par acétorphan per os 300 mg/j pendant 7 jours. Résultats.-Trois des 15 malades avaient moins de 3 selles liquides/jour, mais 2/3 avaient des coliques abdominales gui ne sont pas réapparues sous acétorphan et sans apparition de constipation; 12 malades sur 15 avaient une diarrhée faite de plus de 3 selles/j pendant plus de 2 jours (grades 2 et 3 de l'OMS). Sous acétorphan, on a noté chez les 12 malades, une diminution du nombre de selles/j d'en moyenne 6,3 (extrêmes: 3-10,6) à 4,9 (extrêmes: 2,6-8,9) (P<0,002), ainsi qu'une diminution du nombre de jours avec selles liquides de 4,7 (extrêmes: 3-7) à 2,4 (extrêmes: 0-7) (P<0,02). Le pourcentage de réduction du nombre de selles était corrélé de façon linéaire et positive au nombre des selles avant traitement jusgu'au seuil de 8 selles/j (8 malades), au-delà duquel un échappement partiel apparaissait (4 malades). Conclusion.-Ces résultats suggèrent l'efficacité de l'acétorphan dans la diarrhée aiguë chimio-induite et justifient un essai contrôlé.