Chirurgie cardiaque chez l'hémodialysé chronique: résultats immédiats et à long terme.
Auteurs : Deleuze PH1, Mazzucotelli JP, Maillet JM, Le Besnerais P, Mourtada A, Hillion ML, Loisance DY, Cachera JPDe 1979 à 1993, 50 patients en hémodialyse chronique ont bénéficié de 53 interventions de chirurgie cardiaque dans le service. L'âge moyen était de 56±13 ans. Il y avait 33 hommes et 17 femmes. La durée moyenne de l'hémodialyse préopératoire était de 82±63 mois. La durée moyenne des symptômes cardiaques avant l'intervention était de 35±52 mois. Vingt-sept patients (54%) étaient en classe fonctionnelle NYHA (New York Heart Association) III ou IV préopératoire. Seize patients (32%) avaient une fraction d'éjection ventriculaire gauche préopératoire au-dessous de 0,40. Douze patients (24%) ont été opérés en urgence. L'intervention a consisté en chirurgie coronaire isolée chez 29 patients, remplacement valvulaire aortique isolé chez 13 patients avec reflux pour 1, chirurgie de remplacement valvulaire mitral chez 3 patients avec reflux pour deux, chirurgie combinée chez 5 patients. Le temps de clampage aortique moyen était de 75±32 minutes, le temps de circulation extracorporelle moyen était de 125±50 minutes. Pour les patients coronariens, la revascularisation chirurgicale a été considérée comme incomplète dans 37% des cas du fait de la gravité de la maladie coronaire sous-jacente. Le saignement postopératoire moyen a été 800±650 ml, 29 patients (58%) ont été transfusés avec une moyenne de 4,3±3 culots globulaires. La mortalité précoce globale a été de 9 patients (18%): 10% chez les coronariens, 7% dans les remplacements valvulaires aortiques, 50% pour les procédures plus complexes. Les causes de mortalité ont été cardiaques (n=4), septiques (n=2), et défaillance polyviscérale (n=3). La morbidité a été de 39%, essentiellement par bas débit cardiaque. Le séjour moyen en réanimation a été de 6,6±8 jours, à l'hôpital de 13±7 jours. La survie actuarielle à 1, 5 et 10 ans a été respectivement de 68, 40 et 40%. Les 14 décès tardifs ont été d'origine cardiaque (n=4), septique (n=4), par défaillance polyviscérale (n=4) ou de nature inconnue (n=2). Les facteurs pronostiques mis en évidence par l'analyse univariée ont été la classe fonctionnelle NYHA préopératoire III-IV, l'existence d'une hypertension artérielle pulmonaire préopératoire, un temps de clampage aortique allongé. Les résultats devraient pouvoir être améliorés par une détection active plus précoce des signes cardiaques et une intervention rapide avant la détérioration de l'état général chez ces dialysés chroniques, directement en rapport avec l'ancienneté des dialyses préopératoires.