Surdité et auto-immunité: quelle est la place du syndrome des antiphospholipides? A propos de 35 cas.
Auteurs : Moine A1, Mohcini M, Beal C, Guillevin L, Frachet BLa place réelle de l'immunologie dans la pathologie de l'oreille interne est actuellement difficile à préciser en l'absence de critères cliniques et biologiques formels. Dans quelle proportion chez des patients se plaignant d'une surdité de perception existe-t-il suffisamment d'arguments cliniques et biologiques pour étayer le diagnostic d'autoimmunité? Quels sont les examens biologiques les plus rentables? Existe-t-il un profil clinique, génétique et biologique particulier chez ce type de patient? Nous présentons une étude rétrospective de juin 1990 à août 1992 portant sur 35 patients souffrant d'une surdité de perception d'étiologie inconnue chez qui nous avons dosé différentes substances biologiques reflétant un syndrome inflammatoire (vitesse de sédimentation, dosage des IgG, A, M, électrophorèse des protides sériques) ou en faveur d'une dysimmunité (présence de complexes immuns circulants, effondrement du complément, présence d'anticorps antinoyaux et antiorganes, d'anticorps anticardiolipides et anticollagène de type II). Un typage HLA a également été effectué. Résultats: seuls 4 patients présentaient un tableau biologique en faveur d'une dysimmunité. L'analyse de ce sous groupe ne permet de retenir aucun profil clinique ni génétique particulier. Biologiquement, seule la présence d'anticorps anticardiolipides est retrouvée chez ces 4 patients et eux seuls, associés dans 4 cas à des complexes immuns circulants et dans 3 cas à l'élévation des IgA et M. Cette étude soulève l'intérêt du dosage des anticorps antiphospholipides qui pourraient refléter un syndrome des antiphospholipides à expression otologique accessible à un traitement antiagrégant.