La composition des venins est très compliquée à déterminer à cause de leur complexité et de leur diversité moléculaire, cependant l’étude transcriptomique des glandes à venin de la fourmi Tetramorium bicarinatum révèle une grande diversité fonctionnelle des peptides/protéines qui pourraient être produits par ces glandes. Ces molécules peptidiques correspondent pour partie à des toxines connues mais de nombreuses séquences ne sont répertoriées dans aucune base de données et pourraient correspondre à des peptides de venins originaux non décrits auparavant. Nos travaux étaient les premiers à rapporter le séquençage du transcriptome de la glande à venin chez une fourmi, d’abord par la technique de la SSH (Suppression Subtractive Hybridization), puis par une technique de séquençage profond permettant de progresser dans le degré d’informations que renferme le transcriptome (Illumina). Nos expériences montrent clairement que l’extrait de venin brut induit l’apoptose de certaines lignées de cellules tumorales résistantes à tous les traitements actuels et l’analyse en spectrométrie de masse nous a orientées vers une molécule dont la structure nous est encore inconnue. L’identification et la caractérisation du mécanisme d’action de la molécule responsable de cette cytotoxicité constituent donc un espoir de découvrir de nouvelles stratégies thérapeutiques dans la lutte contre cette pathologie encore aujourd’hui incurable. D’une manière générale, l’extraordinaire diversité taxonomique des fourmis laisse présager d’une grande diversité de leurs toxines. La probabilité de découvrir de nouvelles molécules d’intérêt pour l’homme n’en est que renforcée.