Faible sensibilité à l’action de la thrombomoduline chez le patient cirrhotiqueIntérêt de la thrombinographie
Auteurs : Sinegre T1, Abergel A2, Sapin AF1, Lamblin G2, Marques-Verdier A1, Duron C2, Lebreton A1La cirrhose s’accompagne de modifications complexes de la coagulation. La majorité des facteurs de la coagulation, procoagulants comme anticoagulants, sont diminués. Les tests classiques de la coagulation ne sont pas capables d’apprécier finement la coagulation plasmatique. Nous avons entrepris d’évaluer grâce à la thrombinographie, un test d’évaluation globale de la coagulation, la coagulation plasmatique d’une population de patients cirrhotiques. Nous avons analysé les échantillons plasmatiques de 30 patients cirrhotiques (10 Child A, 10 Child B, 10 Child C) comparativement à 10 sujets témoins grâce à la thrombinographie, avec et sans thrombomoduline (molécule indispensable à l’activation de la protéine C). Les résultats d’aire sous la courbe, le principal paramètre, exprimés sous forme de ratio (thrombinographie avec/sans thrombomoduline) sont significativement plus élevés chez les patients cirrhotiques (0,69 ± 0,16) que chez les témoins (0,49 ± 0,10) ce qui traduit une faible sensibilité à l’action de la thrombomoduline. Cette résistance entraîne une hypercoagulabilité qui est croissante avec la sévérité de la maladie évaluée par le score de Child-Pugh. Les résultats de la thrombinographie permettent de remettre en question le dogme selon lequel les patients cirrhotiques sont naturellement « anticoagulés ». Ils mettent en évidence l’intérêt potentiel de la thrombinographie dans la détection et le suivi d’une hypercoagulabilité chez le patient cirrhotique. Cette hypercoagulabilité croissante avec la sévérité de la maladie semble corrélée avec les observations cliniques puisque la survenue de thrombose est plus fréquente lorsque la cirrhose est à un stade avancé.