Nous rapportons un cas clinique inhabituel de « jambe-banque » pour la reconstruction du membre inférieur avec le membre controlatéral amputé. Ce concept du « doigt-banque » a été décrit par Foucher et al. en 1980 pour la chirurgie de la main traumatisée. Le patient âgé de 34 ans, victime d’un grave accident d’ULM, présentait un polytraumatisme avec des fractures ouvertes des deux pilons tibiaux. La jambe gauche présentait une perte de substance tégumentaire associée à une nécrose cutanée de la face interne de la cheville exposant la malléole, le calcanéum et le nerf tibial postérieur nécrosé sur 10 cm. Le parage ostéo-tégumentaire à gauche a nécessité une résection massive « carcinologique » du calcanéum. La jambe droite présentait une perte de substance tégumentaire limitée, à son tiers inférieur, exposant la malléole interne, ainsi qu’une fracture avec perte de substance osseuse du tibia de 10 cm. La jambe gauche fut utilisée comme « jambe-banque » pour la reconstruction du tibia droit, en servant de site donneur pour le prélèvement d’un lambeau de fibula vascularisée. L’évolution à 18 mois fut très satisfaisante sur le plan clinique et radiologique, avec une reprise de la marche à l’aide d’une orthèse, et une reprise de la course à pied et du vélo à deux ans et demi. Ce cas rapporte une utilisation originale de ce lambeau en « jambe-banque » permettant de résoudre une situation traumatique complexe et rare intéressant les deux membres inférieurs. Cette stratégie doit faire partie intégrante de l’arsenal thérapeutique du chirurgien plasticien, en situation extrême.