IntroductionLa neuropathie optique est une complication sévère et connue de l’éthambutol, pouvant être responsable d’une perte visuelle profonde et irréversible en l’absence d’un dépistage précoce.Description de casNous rapportons le cas d’une patiente de 83 ans ayant été adressée pour une baisse d’acuité visuelle bilatérale profonde rapidement progressive et indolore, non améliorée après chirurgie de la cataracte des deux yeux. Le champ visuel Humphrey 24-2 mettait en évidence une hémianopsie bitemporale et un scotome paracentral bilatéral. L’IRM cérébrale ne retrouvait pas de lésion compressive de la région sellaire, mais montrait un hypersignal T2 au centre du chiasma optique sans rehaussement après injection de gadolinium. Après reprise de l’interrogatoire détaillé, on notait une prise d’éthambutol depuis 18 mois pour une pneumopathie àMycobacterium avium.DiscussionL’incidence de la neuropathie optique à l’éthambutol a nettement diminué depuis l’instauration d’une surveillance régulière des patients sous traitement. L’éthambutol est responsable classiquement d’un scotome central ou cæcocentral bilatéral par neuropathie optique, mais quelques cas d’hémianopsies bitemporales ont été décrits dans la littérature, mimant un tableau de compression chiasmatique. Les cas rapportés dans la littérature ne mettaient toutefois pas en évidence d’anomalies de signal du chiasma optique à l’imagerie par résonance magnétique (IRM).ConclusionLa présence d’une hémianopsie bitemporale signant l’atteinte du chiasma optique est due généralement à une lésion compressive ou, plus rarement inflammatoire. Les atteintes toxiques du chiasma sont rares mais en l’absence de lésion tumorale, il convient de rechercher par un interrogatoire minutieux la prise de toxique afin d’éviter une baisse d’acuité visuelle irréversible.