L’hypofractionnement en radiothérapie n’est pas une idée neuve. L’utilisation d’un nombre réduit de fortes doses par séances a été proposée dès les tout débuts de notre spécialité. Ensuite, à plusieurs reprises, l’hypofractionnement s’est vu proposé sur la base de concepts radiobiologiques successifs, dont certains ont fait long feu. Lanominal single dose(NSD) de sinistre mémoire, sous-estimait de façon majeure, dans les années 1970, la toxicité des fortes doses par fraction ; elle a été directement responsable d’une augmentation très significative tout à la fois de l’incidence et de la gravité de complications tardives de la radiothérapie. Le modèle linéaire-quadratique est heureusement venu corriger le tir, mais il n’est pas dénué de limites, en particulier pour les faibles et les fortes doses par fraction, limites que l’on tend à oublier à l’heure actuelle. Depuis plus d’une décennie, le cancer de prostate est au cœur de discussions concernant sa sensibilité au fractionnement ; de nombreux travaux biologiques et cliniques suggèrent un rapport alpha/bêta bas pour ce cancer, mais les données disponibles ne permettent pas de trancher entre un rapport alpha/bêta « très bas » (1,5 Gy), qui impliquerait un avantage pour l’hypofractionnement en termes de contrôle tumoral, et un rapport alpha/bêta simplement « bas » (de l’ordre de 3 à 4 Gy), qui ne permettrait « que » de réduire le nombre de séances avec une diminution de la dose totale, pour des résultats équivalents à ceux du schéma classique. Dans l’attente de données complémentaires qui ne nous arrivent qu’avec parcimonie, il convient de rester prudent en 2013 dans le maniement de l’hypofractionnement.