Actuellement en France, l’ensemble des enfants nés à la suite d’une AMP représente 2,5 % de l’ensemble des naissances. Si cette proportion n’est pas élevée, elle n’est pas négligeable pour autant, notamment au regard des questions sociologiques que soulèvent aujourd’hui les techniques d’AMP (levée de l’anonymat des dons de gamètes, insémination post-mortem, accès à l’AMP des femmes célibataires et des couples homosexuels, gestation pour autrui – les « mères porteuses » – pour citer quatre des débats les plus saillants). Avec l’AMP, ce qui est nouveau, c’est ce que la médecine élabore une thérapeutique avec une visée nouvelle, la procréation. Désormais, il n’est plus nécessaire à un homme et à une femme de recourir à l’acte sexuel pour avoir un enfant. C’est une remise en cause profonde de la représentation de ce qui apparaissait comme intangible et à caractère divin. Comment, dans ce contexte, élaborer une éthique de l’AMP ? À partir d’une enquête de terrain de type ethnographique, on montrera ici comment s’élabore cette éthique de l’AMP et comment, partant, on envisage les multiples façons de faire famille aujourd’hui.