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Quelle utilité des directives anticipées pour les médecins ?

Auteurs : Fournier V, Berthiau D1, Kempf E2, d’Haussy J2
Affiliations : 1Université Paris Descartes, Paris, France2Hôpital Cochin, centre d’éthique clinique, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France
Date 2013 Juin, Vol 42, Num 6 Pt 1, Part 1, pp e159-69Revue : La Presse médicaleType de publication : article de périodique; subvention de recherche ne provenant pas du gouvernement américain; DOI : 10.1016/j.lpm.2012.09.027
Article original
Résumé

ObjectifÉtudier l’intérêt des personnes de plus de 75 ans pour le dispositif des directives anticipées, quelques années après son introduction en 2005 dans la loi française.MéthodesLa méthode d’enquête a été qualitative. Elle a consisté en un entretien approfondi (45 minutes environ) aux fins de comprendre ce qu’elles avaient à dire sur les directives anticipées, mais aussi sur les conditions du vieillir et du mourir. Huit sous-groupes de personnes ont été constitués pour être illustratifs des personnes âgées dans leur diversité selon leur état de santé et de dépendance. Un neuvième groupe a complété l’enquête, constitué de personnes, a priori militantes des directives anticipées, puisque toutes membres de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). Le contenu des entretiens a été analysé en s’inspirant des méthodes d’analyse qualitative de référence.Population de l’étudeCent quatre-vingt-six personnes ont été incluses dans l’étude (106 femmes, 80 hommes, d’âge moyen 82,7 ans) dont 167 appartenaient au groupe dit « population principale » et 19 au groupe de référence « ADMD ».RésultatsQuatre-vingt-dix pour cent des personnes interrogées ont dit n’avoir jamais entendu parler des directives anticipées avant l’entretien. Après avoir été informées de leur finalité, elles étaient encore 83 % à exprimer qu’elles n’étaient pas intéressées, soit qu’elles ne se sentaient pas concernées, soit que le dispositif soit selon ellesinefficace– les choses ne se présentent jamais comme on les a imaginées,inutile– les médecins feront de toute façon ce qu’ils veulent, voire mêmedangereux– écrire ferait prendre le risque que les médecins baissent les bras avant l’heure. Seules 28 personnes dans la population principale se sont dites intéressées, en plus des 19 du sous-groupe ADMD. Elles avaient toutes le même profil de personnalité : un tempérament particulièrement fort et autonomiste, indépendamment d’un quelconque niveau socioculturel. L’intérêt pour les directives anticipées est apparu indépendant de l’âge ainsi que de l’état d’autonomie ou de santé.ConclusionIl y a selon nous trois messages à tirer de cette étude qui peuvent être utiles aux médecins relativement aux directives anticipées. (1) Il y a environ 20 % de personnes pour lesquelles il est essentiel d’exercer son autonomie sur ce sujet spécifique de la fin de vie, et qui attendent que leur volonté exprimée soit respectée. Ne devrait-on pas considérer leurs directives comme contraignantes même si la loi n’y oblige pas actuellement ? (2) Environ 30 % supplémentaires sont intéressées de parler du temps qu’il reste à vivre. Leur souci est davantage de signifier ce qui est important pour elles en termes de qualité de vie que d’exprimer des directives anticipées sur les conditions de leur mort. (3) Il reste beaucoup à faire si l’on veut que les gens s’expriment sur les conditions du mourir. Pour aider à cela, les médecins ont un rôle pédagogique essentiel à jouer : ils devraient informer davantage sur les limites de la médecine et la nouvelle complexité des décisions à prendre en fin de vie.

 Source : Elsevier-Masson
 Source : MEDLINE©/Pubmed© U.S National Library of Medicine
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Citer cet article
Fournier V, Berthiau D, Kempf E, d’Haussy J. Quelle utilité des directives anticipées pour les médecins ?. La Presse médicale. 2013 Juin;42(6 Pt 1):e159-69.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 20/10/2016.


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