ButÉvaluer l’impact des facteurs tonométriques ainsi que le rôle des autres facteurs de risque oculaires dans la progression du glaucome primitif à angle ouvert.Patients et méthodesNous avons réalisé une étude rétrospective portant sur 140 patients (280 yeux) atteints de glaucome à angle ouvert entre 1998 et 2009. Après analyse de leur profil évolutif, les yeux de nos patients ont été repartis en deux groupes : le groupe 1 (G1) comportant les yeux ayant aggravés leur glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) et le groupe 2 (G2) comportant les yeux restés stables. Les paramètres oculaires de progression évalués étaient les facteurs liés à la neuropathie glaucomateuse, les autres facteurs de risque oculaires et les facteurs de risque liés au traitement.RésultatsNous avons colligé 92 yeux ayant aggravé leur glaucome (G1) et 188 yeux ayant stabilisé leur champ visuel (G2), soit un taux de progression de 32,9 %. La pression intaoculaire (PIO) moyenne initiale était statistiquement plus élevée en cas de progression avec respectivement de 22,78 mmHg et 19,9 mmHg (p = 0,03 ; OR = 5,25). Une PIO finale élevée était également associée à la progression (16,82 mmHg pour le G1 versus 14,85 mmHg pour le G2 ;p = 0,051). Une PIO inférieure ou égale à 12,75 mmHg a été identifiée comme PIO cible pour notre population. Les pics diurnes étaient statistiquement plus importants pour les yeux du groupe 1 (23,13 mmHg pour le G1 contre 19,87 mmHg pour le G2 ;p = 0,007). La fluctuation à long terme était également prédictive de la progression (4,43 mmHg pour le G1 et de 2,31 mmHg pour le G2 ;p = 0,003). Un déficit périmétrique initial supérieur à –8,2 Db en valeur absolue expose à 4,8 fois au risque de progression (p = 0,07). Cependant, les yeux diagnostiqués au stade minime avaient quatre fois plus de chance de stabiliser leur champ visuel (p = 0,003). Une différence statistiquement significative entre les deux groupes a été également relevée concernant le syndrome exfoliatif (OR = 2,84 ;p = 0,05), la cornée inférieure à 505 μ (OR = 10,89 ;p = 0,005), les collyres bêtabloquants (p = 0,003) et le nombre de collyre supérieur à 2 (OR = 3 ;p = 0,003).ConclusionIl est actuellement certain qu’abaisser la PIO contribue à stabiliser le glaucome. Cependant, le seul critère pressionnel reste insuffisant car d’autres facteurs notamment oculaires sont impliqués dans la progression du glaucome. L’identification de ces facteurs de risque permet une meilleure approche thérapeutique de ces patients afin de préserver leur vision et respecter leur qualité de vie.