IntroductionNous avons souhaité étudier l’épidémiologie, la microbiologie et l’évolution clinique de kératites bactériennes sévères afin d’en actualiser les facteurs de risque et le pronostic.Patients et méthodesAu travers d’une étude rétrospective monocentrique, de janvier 2005 à janvier 2011, nous avons analysé les données épidémiologiques et cliniques des patients hospitalisés pour kératite sévère d’origine bactérienne prouvée.RésultatNous avons recensé 268 abcès cornéens unilatéraux. Nous avons identifié au moins un facteur de risque local et/ou général chez 255 patients sur 268 (95 %). Les principaux facteurs de risque locaux étaient le port de lentilles de contact (n = 129), une kératopathie sous-jacente (n = 50) et une chirurgie cornéenne préalable (n = 47). Les acuités visuelles moyennes (AV) initiale et finale étaient respectivement de 0,06 et 0,2 (1,20 et 0,72 LogMAR), avec un pronostic moins défavorable et une durée moyenne de séjour plus courte pour les porteurs de lentilles (p < 0,05). La cicatrisation était obtenue chez 255 patients sur 268 (95 %), avec chirurgie adjuvante chez 33 patients sur 255 (13 %). Les germes les plus fréquemment isolés étaient des cocci Gram+, préférentiellement associés aux kératopathies dégénératives ou postchirurgicales (p < 0,05), et les bacilles Gram– chez les porteurs de lentilles (p < 0,05), avec un pronostic similaire.ConclusionDes facteurs de risques spécifiques doivent être recherchés lors de l’observation d’une kératite bactérienne sévère. Le port de lentilles est le plus fréquent mais de pronostic moins défavorable que les kératopathies, antécédents de chirurgie cornéenne et facteurs de risque généraux. Le type de germe responsable ne semble plus modifier clairement le pronostic final de ces abcès cornéens.