Points essentielsLes réactions anaphylactiques peuvent être d’origine immunologique(allergique, le plus souvent à médiation IgE, parfois IgG),ou non immunologique.L’incidence des réactions anaphylactiquesperanesthésiques tous mécanismes confondus diffère selon les pays : 1/1250 à 1/13 000 anesthésies. En France l’incidence des réactions anaphylactiques d’origine allergique est estimée à 100,6 [76,2–125,3]/million d’anesthésies dans la population générale avec une nette prédominance féminine (hommes : 55,4 [42,0–69,0], femmes : 154,9 [117,2–193,1]). Cette prédominance n’est pas trouvée chez l’enfant.Chez l’adulte, les substances les plus fréquemment incriminées sont les curares, suivis du latex et des antibiotiques. L’incidence des réactions aux curares est évaluée à 184,0 [139,3–229,7]/million d’anesthésies.La majorité des réactions apparaît dans les minutes suivant l’injection intraveineuse des produits. Lorsque la symptomatologie est d’apparition plus tardive, au cours de la période d’entretien de l’anesthésie, une allergie au latex, à un colorant, un antiseptique ou aux produits de remplissage doit être évoquée.L’expression clinique d’une réaction anaphylactique est de gravité variable. Les signes cliniques initiaux les plus fréquemment rapportés sont l’absence de pouls, un érythème, une difficulté de ventilation, une désaturation ou une baisse de la pression télé-expiratoire de CO2.Les signes cardiovasculaires ou respiratoires peuvent être isolés, rendant le diagnostic difficile. Dans certains cas, il peut s’agir d’une inefficacité cardiocirculatoire d’emblée.Le diagnostic du mécanisme de la réactionrepose sur le dosage des médiateurs (tryptase, histamine), au moment de la réaction. En cas d’allergie, l’identification de l’agent responsable se fait par la mise en évidence d’IgE spécifiques au moment de la réaction ou à distance, et sur la réalisation de tests cutanés six semaines après la réaction.Un bilan allergologique préanesthésiqueà la recherche d’une sensibilisation latente à un des médicaments de l’anesthésie ou au latex n’est pas justifié, sauf chez certains sujets considérés à haut risque.Il n’existe aucune prémédication qui prévient de façon certaine une réaction allergique. En revanche, les mesures d’éviction du latex dans l’environnement opératoire sont efficaces, tant en prévention primaire que secondaire.Le traitementrepose sur l’interruption de l’administration de l’allergène lorsqu’elle est possible, sur la prescription d’adrénaline à dose titrée en fonction de la gravité clinique et de la réponse au traitement, et sur le remplissage vasculaire.