La cible de concentration sérique d’hormone parathyroïdienne (PTH) chez les patients dialysés est plus élevée que la normale afin d’éviter une ostéopathie adynamique (OA) réputée augmenter les risques osseux et cardiovasculaires. Le but de cette étude est de définir différents profils clinicobiologiques parmi les patients dialysés ayant des valeurs de PTH inférieures aux recommandations et d’en dégager des stratégies thérapeutiques adaptées.MéthodesEntre 2004 et 2010, nous avons observé tous les patients hémodialysés (HD) prévalents du centre. Les patients avec une PTH inférieure à 130 pg/mL, dits PTH basse (PTH-b), ont été observés et classés en cinq groupes : « PTX » pour les patients ayant un antécédent de parathyroïdectomie ; « HypoMed » pour des hypoparathyroïdies avec hypocalcémie sans antécédent de PTX ; « IatroMed » pour les patients ayant un apport vitaminocalcique excessif ou du cinacalcet ; « EndoG » liés à une hypercalcémie endogène (immobilisation, cancer ou granulomatose) ; « SponT » pour les PTH-b spontanées sans cause iatrogène et avec une biologie « normale ».RésultatsParmi les 520 dossiers étudiés, 163 PTH-b ont été observés (31,3 %) parmi lesquels 17,7 % de PTX pour des patients plus jeunes, plus anciens en dialyse ; 2,4 % d’HypoMed chez des patientes très âgées porteuses de comorbidités ; ces deux premières catégories nécessitant des apports vitaminocalciques pour éviter une hypocalcémie ; 22,6 % de IatroMed chez des patients souvent diabétiques recevant un traitement vitaminocalcique inapproprié ; 3 % d’EndoG chez des patients souvent hypercalcémiques hospitalisés ou porteurs d’un cancer ou d’une tuberculose ; 54 % de SponT chez des patients âgés et diabétiques ne recevant pas de traitement vitaminocalcique mais sans profil biologique d’OA. Seules les PTH-b IatroMed et EndoG ont fait l’objet d’une modification thérapeutique avec la diminution des apports vitaminocalciques et l’ajout de bisphosphonates pour les EndoG.ConclusionÀ partir d’une population d’HD prévalents, nous proposons une classification des PTH-b basée sur des données biologiques, évolutives et le contexte pathologique. Cette distinction nous paraît importante, car seulement deux catégories, représentant 25 % des cas dans notre centre, justifient une modification thérapeutique. Dans les autres cas, les patients peuvent sans doute garder une PTH-b, car une diminution excessive des apports de calcium et de vitamine D pourrait induire une ostéomalacie, en attendant la disponibilité des nouvelles thérapeutiques anti-ostéoporotiques comme la PTH 1-34 et les inhibiteurs du récepteur calcique.