IntroductionLes biothérapies sont devenues un élément majeur du traitement des formes modérées à sévères de psoriasis. Nous avons voulu évaluer les caractéristiques des patients traités en pratique courante par biothérapie au CHU de Reims en dermatologie et en rhumatologie, ainsi que l’efficacité de ces traitements dans cette population.Patients et méthodesIl s’agit d’une étude rétrospective dans laquelle ont été inclus l’ensemble des patients chez qui une biothérapie pour le psoriasis avait été débutée entre mars 2005 et juin 2009. Le recueil de données a été réalisé avec une fiche standardisée. La réponse thérapeutique a été évaluée en juin 2010, avec au minimum un an de recul par rapport au début de la première biothérapie.RésultatsCent neuf malades ont été inclus (70 en dermatologie et 39 en rhumatologie). En dermatologie, l’âge moyen au moment du diagnostic de psoriasis était de 27 ans et le sex-ratio H/F de 2,5 ; 26 % des malades étaient tabagiques, 19 % obèses, 29 % dyslipidémiques et 9 % diabétiques. La grande majorité des malades avaient une surface cutanée atteinte comprise entre 10 et 50 % ; 30 % d’entre eux (21/70) avaient des manifestations évocatrices de rhumatisme psoriasique confirmé par un rhumatologue dans 57 % des cas (12/21). Le délai moyen était de sept ans entre le diagnostic et le premier traitement systémique et de 21 ans avant la première biothérapie. Trois traitements systémiques avaient été institués en moyenne avant la première biothérapie. En rhumatologie, l’âge moyen au moment du diagnostic était de 37 ans ; 95 % des malades avaient une surface cutanée atteinte inférieure à 10 %. Le délai était de cinq ans entre le diagnostic et le premier traitement systémique et de neuf ans avant la première biothérapie. Un avis dermatologique avait été requis dans 41 % des cas. Il n’y avait pas de différence entre les deux groupes en termes de comorbidités sauf pour la dyslipidémie, plus fréquente en dermatologie.DiscussionCette étude ne montre pas de différence entre les patients traités dans les deux spécialités (en dehors de l’âge au diagnostic). Les patients avaient dans les deux groupes plus de facteurs de risque cardiovasculaire que la population générale et, au total, près d’un tiers d’entre eux avaient un rhumatisme associé à l’atteinte cutanée. Ces éléments renforcent le rôle de sentinelle des dermatologues et des rhumatologues dans la prise en charge des comorbidités et l’intérêt de leur interaction. En termes d’efficacité, plus de 70 % des patients de dermatologie étaient contrôlés à un an par la première biothérapie instituée, avec cependant des échappements thérapeutiques plus fréquents et plus précoces qu’en rhumatologie, ce qui pourrait témoigner d’un profil de résistance plus élevé.