ObjectifsEn France, les ressortissants d’Afrique sub-Saharienne, des Antilles françaises et de la Guyane française sont fréquemment dépistés tardivement pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le virus de l’hépatite B (VHB), le virus de l’hépatite C (VHC), malgré des prévalences élevées des infections virales dans ces populations.MéthodesUn dépistage du VIH, VHB, VHC, utilisant les tests de diagnostic classiques, a été proposé à tout patient adulte originaire des régions précédemment mentionnées, avec ou sans couverture sociale, consultant pour un motif médical, un pansement ou un prélèvement sanguin à la policlinique de l’hôpital Lariboisière. Il s’agissait d’une étude prospective uni-centrique réalisée à Paris durant 28 jours ouvrables consécutifs en 2010.RésultatsParmi les 272 patients éligibles, 166 ont été testés (acceptabilité du dépistage : 61 %) ; 180/272 (66 %) disaient avoir déjà été testés vis-à-vis du VIH, les femmes (66/87, 76 %) plus fréquemment que les hommes (114/185, 62 %),p = 0,02. L’acceptabilité du dépistage était plus importante chez les patients affirmant qu’il s’agissait de leur premier test que chez ceux rapportant un (des) test (s) antérieur (s). Parmi les patients refusant d’être dépistés, alléguant un test VIH antérieur négatif, celui-ci datait de plus d’un an dans plus de 25 % des cas. Parmi les 166 patients testés, 120 (72 %) sont revenus à la policlinique chercher leurs résultats, les hommes (89/113, 79 %) plus souvent que les femmes (31/53, 58,5 %),p = 0,009 ; les patients séjournant depuis peu en métropole plus fréquemment que ceux arrivés depuis plus longtemps,p = 0,01 ; enfin, ceux qui n’ont pas d’activité professionnelle - déclarée ou non - plus souvent que ceux qui travaillent,p = 0,01. Trois (1,8 %) patients étaient positifs pour le VIH ; 13 (7,8 %) avaient un Ag HBs positif. Cinquante-quatre patients (32,7 %) avaient une sérologie de l’hépatite B entièrement négative (Ag HBs + anticorps anti-HBc + anticorps anti-HBs), témoignant de leur susceptibilité à cette infection et seulement 18 patients (10,9 %) avaient des anticorps anti-HBs isolés à des taux protecteurs. Quatre-vingt-et-un patients (49,1 %) avaient des anticorps anti-HBc, confirmant la prévalence élevée de l’endémie VHB dans les zones géographiques dont les patients étaient originaires. Six patients (3,6 %) avaient une sérologie VHC positive, il n’y avait pas de co-infection.ConclusionLe dépistage « ciblé » du VIH, VHB et VHC chez les patients originaires de zones de forte endémie consultant dans une structure de soins ambulatoires avec un système PASS intégré apparaît une stratégie très efficace.