La rareté de réarrangements chromosomiques et/ou de gènes de fusion dans les tumeurs épithéliales mis en évidence par caryotypage classique a conduit la communauté des oncologues à penser, pendant plusieurs décennies, que ces évènements génomiques concernaient exclusivement hémopathies et tumeurs mésenchymateuses. Aujourd'hui, les techniques de positionnement de gènes et les approches bio-informatiques permettent d'identifier dans les carcinomes plusieurs gènes de fusion résultant de translocations chromosomiques, d'inversions ou de délétions. Ainsi, la formation de gènes de fusion apparaît-elle aujourd'hui comme un mécanisme qui concerne la majorité des cancers, indépendant de leur lignage originel. À moyen terme, l'identification de gènes de fusion dans les tumeurs solides offre des applications diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques. Cette revue se propose d'actualiser nos connaissances sur les gènes de fusion dans les carcinomes en s'attachant à des cancers fréquents (prostate, poumon et sein). Une fois présentées les caractéristiques structurales et fonctionnelles de ces gènes, la revue tentera d'intégrer ce mécanisme dans l'oncogenèse des épithélia, avant de considérer les perspectives cliniques.