Les exacerbations asthmatiques sont parfois déclenchées par les médicaments, essentiellement les anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS) et les bêtabloquants. Les crises d’asthme induites par les AINS sont de survenue rapide et peuvent être sévères. Le syndrome de Widal est une entité particulière dont la physiopathologie reste encore incomplètement expliquée. L’asthme y est volontiers sévère et corticodépendant ; certains auteurs proposent une accoutumance à l’aspirine, mais cela reste controversé. Les bêtabloquants restent globalement contre-indiqués chez l’asthmatique ; la « cardiosélectivité » β1 n’est pas absolue, disparaissant aux fortes doses, et les « agonistes partiels » ne sont pas mieux tolérés. Cependant, certains auteurs remettent en cause l’effet néfaste des bêtabloquants au long cours chez l’asthmatique. Des études plus larges sont nécessaires, mais ces données suggèrent que, dans certains cas, la prescription d’un bêtabloquant est possible sous surveillance pneumologique rapprochée. D’autres molécules peuvent poser problème chez l’asthmatique (dipyridamole, hormones sexuelles de synthèse, certains excipients). Au total, peu de nouveautés apparaissent concernant les médicaments à risque chez l’asthmatique. L’enjeu pour l’avenir sera de préciser la physiopathologie de certaines intolérances, et la catégorie de patients pouvant tolérer des bêtabloquants. L’enjeu de santé publique que représentent les pathologies cardiovasculaires doit rendre les pneumologues attentifs à ce débat.