IntroductionLa maladie de Kaposi (MK) est une affection multifocale à expression cutanée et viscérale. La MK peut survenir dans un contexte endémique, être associée au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou compliquer un état d’immunosuppression, notamment d’origine iatrogène chez des sujets transplantés. Le but de ce travail est de tracer le profil épidémiologique, clinique, thérapeutique et évolutif de la MK iatrogène au Maroc en dehors du contexte de la transplantation d’organes.MéthodesÉtude rétrospective menée dans le service de dermatologie du centre hospitalier Ibn Sina de Rabat-Maroc, portant sur une période de 21 ans et incluant 14 patients présentant une MK iatrogène confirmée histologiquement.RésultatsL’âge moyen des patients était de 56 ans. Il y avait huit hommes et six femmes. Tous recevaient une corticothérapie, associée au cyclophosphamide dans trois cas et à l’azathioprine dans un cas. Le délai moyen d’apparition des lésions après l’introduction du traitement était de 16,5 mois. Le mode de révélation était cutané dans tous les cas. Une atteinte muqueuse était présente chez 35,7 % des patients et une atteinte viscérale chez un seul. Les sérologies pour le VIH étaient négatives chez tous les patients. La sérologie HHV8 était positive dans 78,5 % des cas. L’attitude thérapeutique reposait principalement sur la diminution ou l’arrêt de l’immunosuppresseur. L’évolution était favorable dans la plupart des cas.ConclusionAu Maroc, la MK est une complication rare mais non exceptionnelle des traitements immunosuppresseurs, notamment la corticothérapie. La maladie s’est révélée par des manifestations cutanées chez tous nos malades, illustrant l’intérêt d’un suivi régulier et d’un examen dermatologique systématique des patients sous immunosuppresseurs, et suggérant l’intérêt d’un dépistage de l’infection HHV8 avant d’introduire de tels traitements.