Les nouvelles technologies permettent-elles de réduire les erreurs médicamenteuses en soins intensifs adultes?
Auteurs : Benoit E1, Beney JLes soins intensifs constituent un milieu dans lequel la technologie est omniprésente pour assurer le monitoring et l'administration de médicaments critiques à des patients instables. Les technologies de l'information telles que la prescription informatisée (PI), les lecteurs de codes-barres (LCB), les pompes de perfusion programmables (PPP), les dossiers-patient électroniques (DPE) et les automates de dispensation (AD) sont, depuis le début des années 2000, recommandés ou considérés comme des moyens de réduction des erreurs médicamenteuses. Aux USA, bien qu'en progression constante, leur implémentation reste modeste près de dix ans plus tard. L'objectif de cette étude est de déterminer quel est l'impact de ces technologies sur le taux d'erreurs médicamenteuses (EM) en soins intensifs adultes. La PI permet une forte et significative réduction des EM, essentiellement les moins critiques. L'adjonction d'aides à la décision à la PI semblerait permettre d'agir aussi sur les erreurs les plus sérieuses. Sans ces aides, ces dernières ne sont que peu influencées voire augmentées. Les études disponibles ne disposent pas de la puissance nécessaire pour démontrer les effets des PPP et des LCB sur les EM. Ces dispositifs révèlent le contournement fréquent des alertes. Des problèmes de puissance, de méthodologie et des résultats contradictoires empêchent de déterminer la capacité des AD à réduire l'incidence des EM en soins intensifs. Le nombre limité des études évaluant ces technologies, leur méthodologie ainsi que leur ancienneté ne permettent pas de déterminer la capacité de ces technologies à réduire l'incidence des EM en soins intensifs adultes. A l'heure actuelle, les bénéfices de ces technologies semblent limités, ce qui s'explique peut-être par la complexité de leur intégration dans le processus de soins. Une attention particulière à la communication entre intervenants, à l'interaction homme-machine et à la formation est nécessaire.