IntroductionEn 1964, R. Sweet décrivait à partir de huit observations une « dermatose neutrophilique aiguë fébrile ». Celle-ci était rapidement rebaptisée « syndrome de Sweet ». Progressivement, d’autres entités déjà définies par ailleurs (pyoderma gangrenosum, erythema elevatum diutinum…) étaient rassemblées à côté du syndrome de Sweet dans un même groupe nosologique : ainsi naissait le concept de dermatose neutrophilique. Outre des formes de passage entre ces différentes affections, les dermatoses neutrophiliques peuvent composer des tableaux atypiques variés comme celui décrit sous le nom de « dermatose neutrophilique des mains », dont nous rapportons une nouvelle observation.ObservationUne femme de 60 ans, ayant pour antécédents médicaux un diabète non insulinodépendant et un psoriasis modéré, consultait pour une éruption cutanée prédominant sur les mains. Les lésions, polymorphes, associaient des pustules et de larges bulles sur un fond œdémateux rouge violacé ; elles étaient douloureuses et certaines évoluaient vers des ulcérations. Il s’y associait des arthralgies d’allure inflammatoire. L’étude histopathologique de la biopsie cutanée montrait une infiltration du derme où prédominaient les polynucléaires neutrophiles. Le diagnostic de dermatose neutrophilique était retenu sans que l’on puisse affirmer plus précisément un diagnostic de syndrome de Sweet, de pustulose palmoplantaire ou de pyoderma gangrenosum.DiscussionDepuis la description initiale en 1964 du syndrome de Sweet, de nombreux cas atypiques ont été rapportés dans la littérature. En 1995, Strutton et al. ont décrit à partir de six observations une nouvelle entité, la « vasculite pustuleuse des mains », qui correspond assez bien à l’observation présentée ici. La position nosologique de ce syndrome a évolué, Gallaria ayant proposé par la suite l’appellation de « dermatose neutrophilique des mains ». Pour Walling et Duquia, cette dermatose correspond à un syndrome de Sweet acral.En conclusionL’observation présentée illustre les difficultés à typer les dermatoses neutrophiliques, contribuant au concept de continuum des maladies neutrophiliques.