Entre homéostasie et développement, quelles stratégies pour régénérer ?
Auteurs : Galliot B1L'Hydre d'eau douce fournit un modèle très performant pour identifier les mécanismes qui sous-tendent la régénération d'un animal adulte, en particulier ceux qui, suffisamment robustes, ont été maintenus au cours de l'évolution. Après bissection à mi-corps, la régénération de la tête de l'Hydre est déclenchée par une vague de mort cellulaire massive suivie d'une prolifération compensatoire via l'activation de la cascade Wnt3 par les cellules apoptotiques. Ce processus pourrait représenter l'un des mécanismes de déclenchement de la régénération conservés au cours de l'évolution. Cependant la route suivie pour régénérer une structure aussi complexe que la tête varie suivant le niveau de bissection de l'animal. En effet, après décapitation, l'Hydre n'utilise pas l'apoptose inductrice de prolifération compensatoire pour régénérer sa tête. Or la densité en cellules souches varie significativement entre ces deux positions, suggérant que l'état cellulaire du tissu blessé influence le processus de régénération. À partir de ces observations, nous proposons un modèle tri-modulaire de la régénération, composé d'un « module initial de réparation de la blessure », suivi d'un module transitionnel nommé « module inducteur de la régénération », nécessaire au recrutement du troisième module, « module de re-développement » qui reforme la structure manquante. Parmi ces trois modules successifs, le module inducteur de la régénération est le plus fortement contraint par l'état homéostatique du tissu ou de l'organe au moment de la blessure et donc le plus variable.