ObjectifConnaître l’intérêt de l’aberrométrie dans le dépistage du kératocône.Patients et méthodesUne étude prospective a été réalisée entre mai 2008 et mai 2010. Quatre groupes ont été individualisés : les patients avec une cornée saine (groupe 0,n = 48), les patients ayant un kératocône « suspect » (groupe 1,n = 43), « fruste » (groupe 2,n = 31), et « débutant » (groupe 3,n = 47). Les mesures aberrométriques totales et cornéennes ont été recueillies et moyennées. Des modèles de régression linéaire univariée (test de Fisher) puis multivariée (test de Student) ont été utilisés pour comparer les différents groupes de sévérité. Une courbeReceiver Operating Characteristics(ROC) a été réalisée lorsqu’une aberration élémentaire permettait de distinguer les groupes 0 et 1.RésultatsLes aberrations comatiques totales et cornéennes, le tréfoil cornéen et l’astigmatisme secondaire cornéen ont permis de différencier significativement les groupe 0 et 1. Les sensibilités et les spécificités de la coma totale et cornéenne, du tréfoil cornéen et de l’astigmatisme secondaire cornéen ont été respectivement de 67,4 %, 56,3 % (indice de Youden = 0,237), 60,5 %, 72,9 % (indice de Youden = 0,334), 83,7 %, 39,6 % (indice de Youden = 0,233) et 65,1 %, 58,3 % (indice de Youden = 0,234). Tous les groupes de sévérité ont pu être différenciés statistiquement par la coma totale et cornéenne, et par le tréfoil cornéen. Les aberrations de troisième ordre ont permis de différencier les groupes 1 et 2.DiscussionLes aberrations de hauts ordres peuvent différencier les stades de gravité du kératocône. Les aberrations totales sont moins discriminantes que les aberrations cornéennes. La coma cornéenne est l’aberration la plus discriminante pour différencier les patients sains des patients ayant une cornée « suspecte ». Néanmoins, celle-ci ne permet pas de dépister de manière optimale les kératocônes « suspects » (indice de Youden = 0,334 et sensibilité = 60,5 %). Les analyses statistiques suggèrent que le kératocône « suspect » et le kératocône « fruste » sont deux entités bien distinctes.ConclusionL’aberrométrie peut faire partie de l’arsenal diagnostique pour dépister les kératocônes « suspects », « frustes », et « débutants », mais doit probablement se placer en complément de la vidéotopographie lors d’une consultation préopératoire de chirurgie réfractive.