Depuis 1996, la République Démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d'un conflit armé qui a déjà fait plus de 5,4 millions de morts et comporté 500 000 à 1 000 000 viols. L'insécurité permanente, les massacres, les incendies de villages et les pillages de biens et des récoltes qui en découlent, surtout à l'Est du pays, ont poussé plusieurs millions de Congolais à se réfugier, notamment dans les camps des déplacés internes où vivent plus de 1,3 millions de personnes. Traumatisées, les populations ont abandonné l'agriculture, principale activité qui procure emploi, nourriture et revenus en milieu rural. Nous discutons dans cet article de l'impact socio-économique du conflit et de ses conséquences sur la santé des femmes et des enfants, entre autre: i) la baisse de la production agricole, ii) l'aggravation de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition, iii) la baisse des revenus des ménages qui accentue la pauvreté, iv) l'insuffisance de soins et l'éclosion récurrente des épidémies dont le cholera, la rougeole et la méningite. Dans ce pays, l'insécurité alimentaire et la pauvreté affectent plus de 70 % de la population, la malnutrition chronique et le retard de croissance touchent plus de 38% d'enfants, ce qui entraine une augmentation du taux de mortalité des moins de cinq ans, atteignant 205 décès pour 1 000 naissances vivantes. En dehors du préalable incontournable qu'est la paix, l'urgence est d'accorder, aux populations victimes, une aide multiforme susceptible d'assurer la relance de l'économie et l'autosuffisance alimentaire. Une amélioration de l'accessibilité aux soins et une prise en charge psycho-sociale et médico-judiciaire des femmes violées sont également recommandées.