La France est un des principaux pays touchés par l’épidémie de VIH en Europe avec plus de 120 000 cas parmi lesquels 34 600 patients ayant développé un sida. Les polythérapies antirétrovirales (combined antiretroviral therapy[cART]) ont réduit de moitié la mortalité. Les interruptions de traitement itératives altèrent le contrôle virologique et accroissent la morbimortalité. En cas de nécessité dans le contexte de l’anesthésie-réanimation, l’interruption thérapeutique devra être la plus courte possible et devra porter sur l’ensemble du traitement. La prise en charge périopératoire des patients infectés par le VIH doit prendre en compte les spécificités du terrain : en préopératoire, la présentation clinique des complications liées au VIH peut associer de façon variable de nombreuses complications : 1 : atteinte respiratoire ; 2 : altération des fonctions neuronales (liées à des facteurs virologiques, à la réponse de l’hôte et à des cofacteurs environnementaux tels que l’alcool, la toxicomanie, la co-infection par le VHC) pouvant entraîner une dysfonction cognitive et atteinte neuropathique périphérique fréquente ; 3 : lipodystrophies, dyslipidémies et dysrégulation glycémique, principales manifestations métaboliques liées aux cART, responsables d’athérosclérose et d’atteinte coronaire ; 4 : atteinte nutritionnelle majeure en rapport avec une évolution chronique de la maladie ou la survenue d’une complication aiguë. La prise en charge per anesthésique des patients infectés par le VIH présente peu de spécificités, l’anesthésie locorégionale ne présente pas de contre-indication. Les médicaments de l’anesthésie ne présentent pas de contre-indication majeure en association aux cART. La principale précaution concerne les inhibiteurs de protéase qui peuvent interférer avec le métabolisme des opioïdes, des AINS et des benzodiazépines (risque de surdosage). Les règles de la transfusion sanguine ne sont pas modifiées. La période postopératoire doit prendre en compte le risque thromboembolique plus élevé que dans la population générale, la surveillance des complications cardiovasculaires, l’état nutritionnel pour une réalimentation précoce et la reprise des cART. De plus, la prise en charge du contexte psychologique de la pathologie sous-jacente et l’étroite collaboration avec le médecin référent du patient sont indispensables.