Le rôle de la myopie axile en tant que facteur de risque du glaucome reste controversé. Les grandes études épidémiologiques de référence suggèrent que la myopie modérée et surtout la myopie forte associée à une amétropie supérieure à −6 dioptries, sont un facteur de risque pour le développement et la progression de la neuropathie optique glaucomateuse ; le risque de glaucome pourrait être en effet deux à trois fois plus élevé chez le sujet myope que chez le sujet non myope. Ce risque a été démontré comme étant indépendant des autres facteurs de risque du glaucome et de la pression intraoculaire (PIO) en particulier. Les yeux myopes ont des PIO légèrement plus élevées que celle des yeux emmétropes ou hypermétropes, bien que cette différence n’ait probablement pas un impact clinique significatif. L’association décrite entre glaucome et myopie est en partie attribuable à des biais de sélection : non seulement, les sujets myopes consultent en effet probablement plus souvent leur ophtalmologiste mais aussi, le glaucome est sous-diagnostiqué chez ces derniers en raison de la grande variabilité de la morphologie de leurs papilles optiques, surtout chez les grands myopes et de la difficulté d’interpréter leur champ visuel. La faiblesse de la matrice fibrogliale des fibres nerveuses au niveau de la tête du nerf optique et les altérations structurelles de la lame criblée et de la choroïde contribueraient à rendre la papille optique du myope plus susceptible aux fluctuations de la PIO et à accroître le risque de neuropathie glaucomateuse, surtout en cas de myopie forte. Concrètement, les petits myopes qui présentent à la fois une hypertension oculaire et un antécédent familial de glaucome seront suivis plus attentivement. En revanche, les myopes forts devront faire l’objet d’un dépistage de glaucome très rapproché. Après avoir tenu compte des mesures de pachymétrie cornéenne, une mesure de PIO supérieure à 17 mmHg doit déjà être considérée comme étant « critique » et un traitement médical hypotenseur considéré.