Rassembler des documents d’archives pour retracer l’histoire de la compagnie Zeiss ne présente aucune difficulté : ils abondent… sauf pour une période allant de 1932 à 1945, systématiquement passée sous silence et qui correspond précisément à la période nazie. Sur le site internet Zeiss historica, parmi les personnalités marquantes de la compagnie Zeiss, on note que, pour Emanuel Goldberg, la page est still under development but an early picture of the professor is available ». À partir de cette indication, tout s’éclaire. Car, si la compagnie Zeiss n’a pas apporté de précisions sur cette « personnalité marquante », les travaux d’un chercheur de la School of information management and systems de l’Université de Californie, Mickael Buckland, nous mettent sur la voie. Grâce à lui, le nom et les travaux de Goldberg, qui avaient disparu de notre héritage culturel et scientifique, reviennent en lumière après cinquante ans d’effacement. Goldberg avait pourtant publié des dizaines d’articles, obtenu des brevets, mis au point des appareils de photographie, de cinéma, et surtout il avait été l’inventeur du premier support électronique de recueil et d’accès aux connaissances. En France, si cette redécouverte a été portée à la connaissance du monde des sciences de l’information, elle n’a pas eu le retentissement qu’elle méritait dans le monde scientifique. C’est pourquoi le temps est venu de retracer le parcours de cet ingénieur hors pair, et d’expliquer les raisons qui ont gommé de l’Histoire son nom et sa mémoire.