IntroductionDepuis plusieurs années, des travaux ont montré l’intérêt de la prévention de la curarisation résiduelle, de la douleur postopératoire et de l’hypothermie dans la prévention des complications périopératoires. Des agents de demi-vie contextuelle courte ont été mis sur le marché dans le but d’améliorer leur maniabilité et de permettre une extubation précoce en sécurité. Grâce à une base informatisée de recueil de données cliniques, l’impact de cette triple stratégie a été évalué sur des critères cliniques : antagonisation des curares en salle de surveillance postinterventionnelle (SSPI), température à l’arrivée en SSPI, sédation à l’arrivée en SSPI. Une telle stratégie devait aboutir à faciliter le sevrage de la ventilation contrôlée et ce deuxième point a été évalué au travers de l’incidence de la ventilation contrôlée en SSPI.MéthodeIl s’agissait d’une étude rétrospective sur deux périodes disjointes (2002–2003 et 2006–2007). Les données cliniques étaient saisies au cours de l’anesthésie et en SSPI sur des ordinateurs en réseau et stockées dans une base de données active depuis 2001. L’adhésion des cliniciens à ces protocoles a été évaluée par la proportion de patients ayant bénéficié de ces protocoles (monitorage curarisation, type d’hypnotique et de morphinique, utilisation d’un moyen de réchauffement peropératoire). L’impact clinique a été jugé sur le nombre de patients dont la curarisation a été antagonisée en SSPI, la température à l’arrivée en SSPI, le score de sédation à l’arrivée en SSPI et le nombre de patients sous ventilation mécanique en SSPI.RésultatsEntre les deux périodes (12 033 et 11 805 patients respectivement), la consommation d’isoflurane s’est arrêtée et celle de rémifentanil a progressé, l’utilisation des systèmes de réchauffement a augmenté et celle du monitorage de la curarisation s’est généralisée. La pratique de l’analgésie multimodale s’est répandue. Le nombre de patients ayant reçu de la néostigmine en SSPI s’est effondré passant de 73 à 11. Le nombre de patients avec une température inférieure à 35,5 °C ne s’est pas modifié (1173 versus 1 278). Les patients sont significativement moins sédatés à l’arrivée en SSPI. L’incidence globale de la ventilation postopératoire en SSPI a diminué de 1,1 % (n = 132) à 0,2 % (n = 30). Tous les patients ventilés en SSPI et ayant été curarisés ont bénéficié d’un monitorage par NMT. La proportion de patients arrivant extubés en SSPI avec une température inférieure à 35,5 °C a augmenté de 34,1 à 46,6 %. La durée moyenne de séjour en SSPI est passée de 122 à 114 minutes (p < 0,05).DiscussionLes pratiques professionnelles ont été modifiées selon les protocoles édictés. L’impact clinique de ces changements a été important, améliorant le sevrage de la ventilation contrôlée. L’absence d’effet de la stratégie de réchauffement sur la température centrale a conduit à extuber des patients réveillés, décurarisés, mais hypothermes, sans que l’innocuité de cette attitude ait pu être évaluée.