Asphyxie périnatale et paralysie cérébrale: implications médico-légales.
Auteurs : Racinet C1, Hoffmann PAu cours des trente dernières années, la pratique obstétricale s'est notablement modifiée (monitorage fœtal systématique perpartum, augmentation importante du taux de césarienne,) dans le but de prévenir l'asphyxie périnatale et tout particulièrement sa fraction perpartum. Mais l'amélioration des paramètres néo-natals ne s'est pas accompagnée d'une évolution parallèle du taux de paralysie cérébrale qui est resté stable autour de 2 ‰ au cours des trente dernières années. De fait, les causes de la paralysie cérébrale sont très majoritairement anténatales, ce qui explique l'échec de la technologie perpartum censée prévenir ce risque, de même que celui de la césarienne préventive. A partir de l'analyse exhaustive de la littérature des trente dernières années, des critères ont été proposés pour pouvoir établir une éventuelle relation causale entre une asphyxie aiguë perpartum et une paralysie cérébrale: des études en population ont démontré que cette relation était très minoritaire. Mais l'obstétrique est une discipline qui est tout particulièrement soumise à une inflation des primes d'assurance pour faire face à une sinistralité néonatale, très souvent attribuée à une mauvaise gestion de l'accouchement, en particulier pour le cas de la paralysie cérébrale, à un défaut ou une réalisation trop tardive d'une césarienne. L'expertise périnatale judiciaire est encore trop souvent basée sur des notions devenues obsolètes. Une réforme de l'expertise s'impose mais sera probablement inefficiente tant qu'elle se contentera d'améliorer les problèmes uniquement structurels en amont de l'expertise. Le modèle américain, initié par les neurologues et adopté par de nombreuses disciplines s'avère séduisant pour tous, y compris avocats et magistrats: il consiste à vérifier le caractère éthique des expertises contestées par les parties qui les saisissent et à en tirer éventuellement des conséquences sur le plan professionnel.