Au cours des quarante dernières années, la pratique transfusionnelle avant une transplantation d’organe a été un important sujet de controverses. Jusqu’en 1971, les patients en attente d’une transplantation rénale ont été largement transfusés étant donné l’anémie induite par l’insuffisance rénale chronique. Puis, un effet délétère des anticorps anti-HLA préformés sur la survie des greffons rénaux a été rapporté et cette pratique a été abandonnée. Entre 1972 et 1977, une amélioration de la survie des greffons rénaux lors d’une transfusion de produits dérivés du sang avant la transplantation a été rapportée. Ces résultats ont conduit à l’adoption par les centres de transplantation d’une politique systématique de transfusions avant la greffe à partir de 1978. Au cours des années 1980, elle a de nouveau été abandonnée pour plusieurs raisons : l’absence d’amélioration de la survie chez les patients traités par cyclosporine, l’immunisation dans le système HLA responsable d’une augmentation de l’incidence du rejet aigu, le risque de transmission de maladies virales et le développement de l’érythropoïétine recombinante. La stagnation de la survie des greffons rénaux depuis dix ans et la recherche de stratégies immunosuppressives antigène-spécifique à but de tolérance de l’organe greffé ont conduit à reconsidérer cette pratique et notamment la transfusion donneur-spécifique avant une transplantation par donneur vivant, qui paraît améliorer la survie à long terme des greffons. Les mécanismes immunologiques impliqués dans l’effet tolérogène des transfusions sont encore mal compris mais la découverte récente des propriétés immunomodulatrices des cellules apoptotiques présentes dans les produits cellulaires apporte un éclairage nouveau à notre compréhension des bénéfices apportés par ce type de stratégie et pourrait susciter des stratégies spécifiques d’induction de tolérance en transplantation.