IntroductionLe traumatisme du rachis cervical avec atteinte médullaire sans lésion osseuse est une entité pathologique décrite chez l’enfant du fait des propriétés biomécaniques particulières du rachis à cet âge. Chez l’adulte cette variante reste rare.ObjectifNous voulons souligner l’existence et l’intérêt de cette entité chez l’adulte à partir d’une série de neuf cas consécutifs traités sur une période de 25 ans.Patients et méthodeIl s’agit d’une étude rétrospective de neuf cas de syndrome médullaire cervical sans lésion osseuse, admis entre 1985 à 2009 sur un total de 406 cas de traumatisme du rachis cervical traité durant la même période (soit 2,21 %). Tous les patients ont bénéficié d’une imagerie par résonance magnétique (IRM). Les traumatismes par arme blanche ont été exclus de l’étude. Nous rapportons dans ce travail les données épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques de ce type de lésions relativement rare dans la littérature.RésultatsL’âge moyen dans notre série a été de 37,43 ans avec des extrêmes allant de 18 à 60 ans. La tranche d’âge la plus touchée est celle des 30 et 60 ans (6/9, soit 66,67 %). Notre série est constituée de sept hommes et deux femmes. Les étiologies des traumatismes sont représentées par les chutes (5/9, soit 55,55 %) suivies des accidents de la voie publique dans une proportion de 44,45 %. Quatre patients (4/9, soit 44,45 %) présentaient un grade A, quatre présentaient un grade B et un présentait grade C (11,11 %) selon la classification de Frankel. Les lésions étaient essentiellement des contusions médullaires sur canal cervical étroit avec une protrusion discale non compressive et dans deux cas une contusion médullaire sur un rachis cervical strictement normal. Le traitement a été chirurgical et a consisté en une laminectomie de C3–C7 dans trois cas (deux grade B selon Frankel, un grade A) et un cas de laminectomie de C1–C3 chez un patient classé grade A. Les cinq autres patients ont bénéficié d’un traitement orthopédique par minerve pendant six à huit semaines. Signalons que l’ensemble des patients admis les six premières heures (5/9) a reçu un protocole de corticothérapie à base de méthylprednisolone. L’évolution a été favorable avec récupération permettant la marche chez trois patients (deux grade B opéré, un grade C traité orthopédiquement). Un cas de décès a été enregistré (un cas Frankel A) par troubles neurovégétatifs. Les cinq autres patients ont gardé un état neurologique stationnaire.ConclusionLes traumatismes de la moelle cervicale sans lésion osseuse en dehors des lésions par arme blanche représentent 2,21 % de l’ensemble des traumatismes vertébromédullaires cervicaux dans notre série. Leur prise en charge médicale ou chirurgicale, basée sur les données de l’IRM doit tenir compte de l’état du canal cervical, la présence de lésion discale ou d’hématome intrarachidien. L’évolution et le pronostic sont fonction de la sévérité de l’atteinte médullaire initiale.