Le béribéri, maladie nutritionnelle récurrente en milieu carcéral en Côte-d'Ivoire.
Auteurs : Aké-Tano O1, Konan EY, Tetchi EO, Ekou FK, Ekra D, Coulibaly A, Dagnan NSConsidéré comme une maladie du passé, le béribéri, provoqué par la consommation d'aliments pauvre en thiamine, est de plus en plus présent dans les prisons des pays en développement. En effet, en 2008, une épidémie de béribéri est survenue à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). L'étude rétrospective que nous avons effectuée avait pour objectif de décrire cette épidémie afin d'améliorer l'état de santé des détenus de la Maca. Cette étude a porté sur 131 sujets soit 64 % du total des cas de béribéri survenus. Le taux global d'attaque du béribéri était estimé à 38,6 ‰. Les malades étaient âgés en moyenne de 33 ans, tous de sexe masculin et résidant en majorité (70,2 %) au bâtiment C, c'est-à-dire condamnés à de lourdes peines. Leur durée moyenne de séjour à la Maca était de 28,1 mois. Les manifestations cliniques du béribéri étaient dominées par les signes neurologiques (fourmillement: 41 %) et les signes cardiovasculaires (dyspnée: 42 %, douleur thoracique: 35 %). Un peu plus de la moitié des malades, soit 51 %, présentaient des œdèmes siégeant surtout aux membres inférieurs. Sous traitement, le taux de guérison était de 97 %. L'amélioration de l'alimentation des prisonniers et la distribution ciblée de compléments vitaminiques sont essentielles pour prévenir la survenue d'autre épidémie.