Le choc anaphylactique peut parfois prendre le masque d’une défaillance cardiaque compliquant un syndrome coronarien aigu, même à coronaires saines, c’est ce que nous illustrons par ces deux observations. La première rapporte un choc anaphylactique à la succinylcholine, dans les suites d’une induction anesthésique pour chirurgie de hernie inguinale, chez un homme de 50 ans à risque cardiovasculaire. Il a présenté un arrêt cardiorespiratoire sur fibrillation ventriculaire, initialement en faveur d’un syndrome coronarien aigu antérieur massif, traité par thrombolyse. La normalisation de l’électrocardiogramme et de la fonction ventriculaire gauche, et l’absence de sténose coronaire significative à la coronarographie, évoquaient rétrospectivement un spasme coronaire sévère compliquant la réaction anaphylactique. Notre seconde observation concerne un choc anaphylactoïde au cisatracurium, survenu au début d’une chirurgie d’annexectomie sous anesthésie générale, chez une femme de 55 ans sans terrain particulier. Elle a développé un choc cardiogénique après l’administration d’adrénaline intraveineuse, avec un aspect échocardiographique en faveur d’une cardiomyopathie de stress. La récupération complète de la fonction ventriculaire gauche et la constatation de coronaires normales à la coronarographie, traduisaient a posteriori un syndrome Takotsubo-like secondaire au choc anaphylactique et à son traitement. Ces deux observations soulignent l’importance des explorations allergologiques et cardiologiques devant une défaillance myocardique aiguë au cours d’une anesthésie générale. Le spasme coronaire et la cardiomyopathie de stress sont deux pathologies rencontrées dans le choc anaphylactique, mais doivent rester des diagnostics d’élimination, après exclusion d’une thrombose coronaire.