IntroductionL’infection cutanée parMycobacterium marinumprovoque le classique granulome des aquariums ou des piscines. Les signes histopathologiques en ont été décrits principalement dans de petites séries de cas typiques, souvent sans preuve bactériologique. Une enquête nationale sur des infections prouvées àM. marinuma permis de recueillir des données détaillées chez 63 patients. Le but de cette nouvelle étude était la description des signes microscopiques de l’infection à partir des biopsies réalisées chez ces patients.Patients et méthodesDes lames blanches provenant de 32 biopsies cutanées (n = 24) ou synoviales (n = 8) ont été obtenues chez 27 patients. Elles ont été revues en coloration de routine et après coloration de Ziehl, sans connaître les données cliniques.RésultatsLes biopsies provenaient toutes du membre supérieur, chez 18 hommes et neuf femmes d’âge moyen 48 ans. Des granulomes tuberculoïdes n’étaient présents que dans 60 % des cas. Les plus vastes et les plus nombreux étaient ceux des prélèvements synoviaux. Par leur caractère palissadique, ils étaient parfois impossibles à distinguer d’un nodule rhumatoïde. Dans 20 % des cas, il existait des collections neutrophiliques sans granulome et dans les 20 % restant, on n’observait qu’un infiltrat peu spécifique. Les modifications épidermiques étaient constantes, à type d’hyperplasie psoriasiforme ou pseudocarcinomateuse, notamment en bordure des zones ulcérées ; on notait aussi une agression de la jonction dermoépidermique dans cinq cas. Il y avait une nécrose folliculaire dans quatre cas et des infiltrats lymphoplasmocytaires à distance des granulomes dans 22 biopsies. Aucun bacille n’a été vu à la coloration de Ziehl.CommentairesL’originalité de cette série est la preuve bactériologique de l’infection àM. marinumet l’absence de sélection des biopsies sur des critères cliniques. Elle montre que les granulomes typiques ne sont présents que dans moins de deux tiers des cas, et qu’ils peuvent être confondus avec des nodules rhumatoïdes. La caractéristique principale de ces lésions est la très faible quantité de germes, contrairement à d’autres types de mycobactéries, les rendant très difficiles à visualiser ; on ne peut donc pas attendre de confirmation des colorations spéciales. Dans un cas sur cinq, l’infiltrat ne permet pas d’évoquer une cause infectieuse ; les biopsies cutanées profondes et les biopsies synoviales sont plus informatives. Tout granulome nécrosant, accompagné de collections neutrophiliques ou non, doit engager à faire une culture sur milieux spécifiques, même en l’absence de bacilles à l’examen microscopique.