Le trastuzumab a constitué une véritable révolution dans le traitement du cancer du sein surexprimant l’HER. Son utilisation en adjuvant pour une durée d’une année est actuellement un standard international. Sa toxicité majeure est cardiaque, d’où le monitoring systématique de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEV) avant et pendant le traitement. Pour évaluer sa tolérance cardiaque chez nos patientes, nous avons réalisé cette étude rétrospective cas témoin. La moyenne de la FEV avant le début du trastuzumab était de 62,5 % (51–80) et à la fin du traitement de 60,55 (40–77), soit une diminution en valeur absolue de 2 %. Cette différence est significative sur le plan statistique avec unp < 0,001. Quatre-vingt-trois pour cent de nos malades ont pu terminer leur traitement dont 26,4 % avec un arrêt provisoire dû à la chute régressive de la FEV. Un arrêt définitif a été réalisé dans 17 % des cas à cause soit d’une diminution non régressive de la FEV, soit de l’apparition d’une insuffisance cardiaque symptomatique relevée chez deux patientes. L’analyse des facteurs de risque pouvant potentialiser cette toxicité retrouve dans le groupe de malades ayant présenté une cardiotoxicité persistante à un âge moyen et à un nombre moyen de cures d’anthracyclines reçues plus élevés par rapport au reste de notre échantillon, et une FEV de départ diminuée. Mais toutes ces différences étaient non significatives sur le plan statistique. Durant la durée de suivi de ces patientes, six (67 %) ont eu une récupération spontanée de leur FEV cinq mois plus ou moins 2,01 après l’arrêt du trastuzumab, une patiente est asymptomatique sous traitement médical et garde une FEV inférieure à 50 % et pour les deux cas d’insuffisance cardiaque symptomatique, ils ont eu une amélioration clinique sous traitement médical mais leur FEV est toujours inférieure à 40 %. La tolérance cardiaque chez notre échantillon paraît comparable avec les données de la littérature mais plutôt située dans la fourchette haute des taux de toxicité. Le manque de puissance statistique ne permet pas d’exclure une toxicité cardiaque du trastuzumab plus marquée chez la femme marocaine et devrait inciter à plus de prudence d’utilisation de cette substance et à la réalisation d’études plus larges qui pourront répondre à cette question.