ObjectifL’élévation de la concentration sanguine en homocystéine (Hcy) semble être un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires. L’hyperhomocystéinémie (HHcy) est déterminée par des facteurs nutritionnels, génétiques et environnementaux. Notre étude visait à déterminer la prévalence de l’HHcy au Bénin, à explorer sa relation avec les apports nutritionnels en vitamines B (B2, B6, B9 et B12) et le niveau socioéconomique (NSE), et à vérifier son éventuelle association avec les facteurs classiques de risque cardiométabolique.MéthodesL’étude transversale a porté sur 541 sujets apparemment sains, âgés de 25 à 65 ans et sélectionnés dans trois zones du Bénin : métropole, petite ville, site rural. L’Hcy sérique a été mesurée par Elisa et les concentrations supérieures à 12 μmol/L signalaient une HHcy. Les apports nutritionnels ont été évalués par trois rappels de 24 heures. La consommation journalière d’alcool, les caractéristiques sociodémographiques et le NSE, d’après l’éducation et un score de possessions comme proxy du revenu, ont été documentés au moyen d’un questionnaire structuré. L’obésité, l’hypertension, la dyslipidémie et l’hyperglycémie ont été définies principalement selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Fédération internationale du diabète.RésultatsL’âge moyen était de 38,1 ± 10,1 ans. L’HHcy a été détectée chez 52,2 % des hommes et chez 24,7 % des femmes. Chez les hommes, l’Hcy sérique était indépendamment et positivement associée à la consommation d’alcool, mais seulement pour la bière locale. Chez les femmes, l’Hcy était indépendamment et inversement reliée à l’apport de vitamine B12. Dans les modèles multivariés des facteurs de risque cardiométabolique, les femmes ayant une HHcy étaient plus de deux fois plus susceptibles d’être hypertendues ou d’avoir un rapport Cholestérol total (CT)/HDL-Cholestérol élevé que celles dont l’Hcy était normale. Chez les hommes, l’Hcy était indépendamment et positivement associée à la pression artérielle diastolique, ainsi qu’au LDL-cholestérol et au cholestérol total dans les régressions linéaires.DiscussionComparativement à d’autres études épidémiologiques, la prévalence de l’HHcy chez les Béninois adultes est élevée, mais elle demeure plus élevée chez les hommes que chez les femmes. L’augmentation d’Hcy sérique apparaît reliée chez les femmes à un apport insuffisant de vitamine B12 ; chez les hommes, elle est aussi en lien avec la consommation d’alcool (« bière » locale), laquelle est inversement reliée aux apports de vitamine B12. Malgré la relation positive de l’HHcy avec l’hypertension (chez les femmes), la nature transversale de l’étude ne permet pas d’inférence de causalité.