Les grossesses chez les patientes suivies pour une sclérodermie systémique restent des événements rares et d’évolution souvent favorable d’après les données récentes de la littérature. La perspective d’une grossesse doit donner lieu à une consultation spécialisée évaluant le potentiel tératogène des médicaments en cours et recherchant des situations à risque de complications maternelles ou fœtales devant faire contre-indiquer ou retarder la grossesse (atteinte sévère d’organe, hypertension artérielle pulmonaire, Ssc diffuse évoluant depuis moins de quatre ans). Les complications maternelles les plus fréquentes sont l’aggravation du reflux gastro-œsophagien, et les plus graves sont la crise rénale sclérodermique qui doit faire prescrire des inhibiteurs de l’enzyme de conversion quel que soit le terme de la grossesse et les poussées d’hypertension artérielle pulmonaire. Les complications obstétricales sont dominées par les naissances prématurées parfois liées à un retard de croissance intra-utérin ou à une prééclampsie. Ceux-ci pourraient être la conséquence de la vasculopathie affectant les patientes ayant une sclérodermie ou liés à la présence d’anticorps anti-phopholipides. Les patientes ayant un antécédent d’insuffisance placentaire peuvent bénéficier d’un traitement préventif par anti-agrégants plaquettaires et anticoagulants à dose isocoagulante, voire de dérivés nitrés. En cours de grossesse, la présence d’une incisure proto-diastolique bilatérale au Doppler utérin semble un bon indicateur du risque d’apparition ultérieure de complications vasculaires placentaires et pourrait guider les mesures thérapeutiques. Des études de cohortes prospectives multicentriques sont nécessaires pour déterminer les facteurs de risque de complication et évaluer quelle doit être la prise en charge spécifique de ces patientes.