La moelle épinière est l’une des structures anatomiques saines les plus communément irradiées et en dépit de cela, la myélopathie radique est devenue rarissime. Les circonstances habituelles de survenue sont assez stéréotypées : délai de six mois à deux ans suivant une irradiation de la région rachidienne cervicale, dorsale ou lombaire haute de dose administrée nettement supérieure à 50 Gy en fractionnement classique et problème dosimétrique rendant compte d’un surdosage localisé de la moelle épinière ou absence d’évaluation précise de la dose à son niveau. Sa pathogénie reste mal comprise. Il est probable qu’elle relève de mécanismes polymorphes constitués de lésions gliales de la substance blanche et de lésions vasculaires isolées ou associées. On insiste actuellement sur le rôle-clé des médiateurs intercellulaires (cytokines, molécules du stress). Cliniquement, elle se manifeste par un tableau neurologique parfois trompeur au début, soit dans les premiers mois suivant l’irradiation et généralement régressif, soit plus retardé et évoluant défavorablement. C’est dans ces formes que le pronostic vital est mis en jeu par les multiples complications induites par l’état neurologique. Si les techniques modernes d’irradiation, basées sur une dosimétrie et une reproductibilité rigoureuses des traitements ont considérablement réduit ce risque, certaines approches thérapeutiques méritent une vigilance toute particulière, car génératrices de risques difficiles à quantifier : « escalades » de la dose, hypofractionnement et/ou accélération dans l’administration de la dose, traitements multidisciplinaires. À l’inverse, l’hyperfractionnement prenant en compte un temps suffisant de réparation des lésions radio-induites sub-létales diminue probablement ce risque.