Introduction : l’objectif de ce travail était de déterminer les caractéristiques morphologiques d’une population sénégalaise en se basant sur une analyse céphalométrique originale utilisant comme repères les points d’entrées ou d’émergences osseuses des fibres sensitives du nerf trijumeau. Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude descriptive transversale portant sur 105 téléradiographies sagittales de patients sénégalais. Les points de référence pour l’analyse céphalométrique sont basés sur les orifices d’entrées ou d’émergences osseuses des trois branches sensitives du nerf trijumeau (analyse trigéminale). Ce sont les points trou ovale (TO), trou grand rond (TGR), échancrure sus-orbitaire (ESO), trou sous-orbitaire (TSO), canal palatin antérieur (CPA), canal palatin postérieur (CPP), infundibulum mandibulaire ou épine de Spix (IM) et trou mentonnier (TM). Ces points ont permis le tracé de sept lignes desquelles sept mesures angulaires ont été déterminées. Un test t de Student a été réalisé pour la comparaison de ces variables céphalométriques trigéminales selon le sexe et la tranche d’âge (< 12 ans et ≥ 12 ans). Une matrice de corrélation de Pearson a été utilisée pour rechercher l’association entre les variables de l’analyse trigéminale et celles issues d’analyses dimensionnelles non spécifiques réalisées chez les mêmes sujets. Résultats : les sujets d’étude (garçons et filles) avaient un âge moyen de 12,24 ± 4,17 ans. Il ressort de la présente investigation que la mésoface sénégalaise est plus rétrusive et plus divergente que celle des français. Le dimorphisme sexuel n’apparaît qu’au niveau de l’angle TRG-ESO-CPA, les garçons ayant un angle plus élevé (p = 0,04). Le prognathisme mésofacial est significativement plus important chez le sous-groupe de sujets âgés de 12 ans et plus alors que la divergence mésofaciale suit une tendance inverse, mais la différence avec les sujets de moins de 12 ans n’est pas significative. Le prognathisme maxillaire mésofacial est positivement et significativement corrélé à l’angle SNA (r = 0,22 ; p = 0,021). Il en est de même pour le prognathisme mandibulaire mésofacial qui est positivement corrélé à l’angle SNB (r = 0,28; p = 0,004) mais négativement corrélé à l’angle mandibulaire Ar-Go-Me (r = − 0,20; p = 0,041). Enfin, l’angle de la divergence mésofaciale totale est corrélé positivement à l’angle mandibulaire (r = 0,20; p = 0,044) et négativement corrélé à l’angle SNB (r = − 0,22 ; p = 0,027). Conclusion : l’analyse trigéminale basée sur des points incontestablement squelettiques, donne une bonne appréciation des structures squelettiques faciales et pourrait permettre d’évaluer l’importance des phénomènes de compensations dento-alvéolaires complétant ainsi les analyses exo-faciales couramment utilisées.