Notre tube digestif (TD) est doué d’autonomie mais il communique avec notre cerveau selon une relation bidirectionnelle. Cette communication se fait par l’intermédiaire du système nerveux autonome (SNA), représenté par les systèmes sympathique et parasympathique, systèmes mixtes comprenant des afférences et des efférences, et par les organes circumventriculaires, situés en dehors de la barrière hématoencéphalique. Le nerf vague, principal représentant du système parasympathique, est un nerf essentiellement sensitif (90 % de fibres afférentes) qui intervient la plupart du temps dans des conditions physiologiques compatibles avec ses fonctions végétatives. Il a également des propriétés anti-inflammatoires par activation de l’axe corticotrope (via ses afférences) et par la voie cholinergique anti-inflammatoire (via ses efférences). Le système nerveux sympathique a classiquement un effet antagoniste sur le système parasympathique à l’origine d’une balance sympathovagale équilibrée en temps normal. Le cerveau est capable d’intégrer les informations en provenance du TD à l’intérieur d’un réseau autonomique central organisé autour de l’hypothalamus, du système limbique et du cortex (insula, préfrontal, cingulaire) et de modifier en retour le SNA et l’axe corticotrope dans le cadre de boucles physiologiques. Un dysfonctionnement de ces relations neurodigestives, favorisé par le stress notamment, peut intervenir dans la physiopathologie de pathologies digestives telles que le syndrome de l’intestin irritable (SII), voire les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Une meilleure connaissance de ces relations neurodigestives a des implications thérapeutiques qu’elles soient d’ordre pharmacologique, neurophysiologique, comportemental et cognitif.