Le syndrome hyperéosinophilique (SHE) est une entité hétérogène, regroupant des situations clinicobiologiques et physiopathologiques très diverses. Jusqu’à ces dernières années, les mécanismes moléculaires à l’origine de l’hyperéosinophilie (HE) étaient inconnus, même si des sous-groupes « myéloprolifératifs » et « allergiques » étaient déjà individualisés. Des progrès récents ont permis d’identifier la base physiopathogénique de certaines HE inexpliquées, permettant une meilleure classification des différentes formes de SHE et surtout une thérapeutique ciblée. La découverte de l’implication de tyrosine kinases, récepteur alpha au PDGF notamment (PDGFRA) et de molécules inhibant spécifiquement cette voie de prolifération (imatinib) ont bouleversé la prise en charge diagnostique et thérapeutique des formes myéloprolifératives de SHE, considérées jusque là de mauvais pronostic (atteinte cardiaque, apparition secondaire de leucémie). L’implication de l’interleukine-5 (IL-5), principal facteur de croissance des éosinophiles, produite en excès par des populations T phénotypiquement aberrantes dans les SHE lymphoïdes, a conduit à l’évaluation thérapeutique d’anticorps monoclonaux anti-IL-5, qui semblent prometteurs dans les SHE corticodépendants non associées à une mutation de PDGFRA. Malgré ces avancées importantes, près de la moitié des SHE restent inexpliqués au plan moléculaire (SHE idiopathiques). La mise en évidence de nouvelles tyrosine kinases (ou de nouvelles protéines de fusion impliquant PDGFRA), l’identification de biomarqueurs spécifiques des variants lymphoïdes ou myéloïdes devrait permettre à l’avenir une meilleure caractérisation des SHE et le choix d’une thérapeutique adaptée.