Les comorbidités addictives (ou encore trouble co-occurrent, double diagnostic, diagnostic associé) associées à la dépression sont des troubles dont le diagnostic doit être porté indépendamment, et non pas être simplement notés comme un cluster de symptômes du trouble, ou comme des troubles induits par la prise de toxique.L’association d’un trouble addictif à une dépression pose un problème pronostique. En effet, cette association entraîne non seulement une aggravation mutuelle des deux troubles, mais encore un problème de pénalisation dans l’accès aux soins, avec un sous diagnostic important. Pourtant, cette association est fréquente, puisqu’on sait que 30 à 50% des patients admis en psychiatrie en Europe présentent un trouble mental associé à un abus de substance (alcool, sédatifs, cannabis).Nous exposons dans cet article les différents éléments de la littérature montrant combien cette association est forte et peut avoir de conséquences en terme de retard diagnostique, d’impact pronostique et thérapeutique. Et nous montrons que, quelle que soit l’origine de cette association (tentative d’automédication, dépression induite par l’addiction, conséquence de la dépression ou association fortuite), une double prise en charge psychiatrique et addictologique est toujours justifiée, même si elle s’avère souvent complexe en raison du clivage des différentes structures mises à notre disposition.