Maladie de Chagas et immunodépression: infection par le VIH et transplantation.
Auteurs : Le Loup G1, Ibrahim K, Malvy DLa maladie de Chagas chez le sujet immunodéprimé (co-infection par le VIH, corticothérapie, transplantation, chimiothérapie) est principalement caractérisée par la survenue de manifestations sévères et bruyantes à la phase aiguë de la maladie et d'épisode(s) de réactivation en phase chronique. La réactivation correspond à la mise en évidence, chez un patient en phase chronique, d'une parasitémie (forme trypomastigote du parasite) par les examens parasitologiques directs ou de nombreuses formes amastigotes dans un prélèvement tissulaire biopsique et/ou à la survenue de manifestations cliniques aiguës. Chez le patient co-infecté par le VIH, les manifestations les plus fréquentes sont la méningo-encéphalite et la myocardite. Chez le patient greffé, la réactivation s'exprime fréquemment par des manifestations cutanées. Urgence diagnostique et thérapeutique, la réactivation nécessite la mise en route immédiate d'un traitement antiparasitaire par benznidazole ou nifurtimox, et, en cas de co-infection par le VIH, d'une prohylaxie secondaire par benznidazole tant que persiste l'immunodépression (lympocytes CD4 < 200/mm3). La polymerase chain reaction (PCR) quantitative, en cours d'évaluation, devrait permettre d'anticiper la survenue d'une réactivation, de poser l'indication d'un traitement préemptif, et d'évaluer la réponse au traitement. Compte tenu de sa gravité potentielle, la maladie de Chagas devra être recherchée par deux tests sérologiques de principes et d'antigènes différents chez un patient immunodéprimé originaire ou bien ayant résidé dans les pays de la zone d'endémie d'Amérique centrale ou du Sud, y compris dans les grandes villes où ne s'observe pas de transmission vectorielle (utilisateurs de drogues intraveineuses, transfusés).