IntroductionLe diagnostic d’endocardite infectieuse (EI) est souvent suspecté cliniquement, mais reste particulièrement difficile à confirmer. Les manifestations dermatologiques de l’endocardite sont variées et doivent être recherchées de façon systématique dans un contexte de suspicion d’EI. Le but de cette étude était d’étudier les modalités de révélation de l’EI dans un service de dermatologie.Malades et méthodesNous avons inclus rétrospectivement l’ensemble des patients hospitalisés de façon consécutive dans le service de dermatologie de l’hôpital Henri-Mondor entre mai 2006 et mai 2007, pour lesquels un diagnostic d’EI avait été posé selon les critères de Duke.RésultatsSept malades ont été inclus, d’un âge moyen de 61 ans. Les motifs d’hospitalisation en dermatologie étaient : ulcères chroniques des membres inférieurs (n = 2), syndrome de Sézary (n = 1), épidermolyse bulleuse acquise (n = 1), dermatite atopique (n = 1), purpura (n = 1). Les manifestations dermatologiques de l’EI comprenaient : purpura (n = 5), nécroses cutanées distales (n = 2), hémorragies sous-unguéales (n = 1). Les hémocultures étaient positives dans trois cas (Staphylococcus aureussensible [n = 2] ou résistant [n = 1] à la méticilline). La sérologieCoxiella burnettiétait positive dans un cas. La porte d’entrée était cutanée dans six cas, sur une dermohypodermite chronique ou une dermatose chronique à peau colonisée (n = 3), une perfusion périphérique (n = 2), un cathéter d’hémodialyse (n = 1). L’échographie transthoracique était négative six fois sur sept, l’échographie transœsophagienne permettant de confirmer le diagnostic dans cinq cas sur six avec un délai diagnostique moyen de 21 jours. La localisation de l’EI était la valve mitrale (n = 3), la valve aortique (n = 2), les valves mitrale et aortique (n = 1), la sonde de pacemaker (n = 1). Cinq patients sont décédés dans un délai moyen de 78 jours.ConclusionLe diagnostic d’EI reste particulièrement difficile. Il doit être discuté devant des signes cutanés comme un purpura ou des nécroses distales…, mais également devant des dermatoses chroniques partiellement contrôlées, voire réfractaires aux traitements, qui constituent des portes d’entrée à ne pas sous-estimer. Cette étude souligne la nécessité d’une vigilance accrue des cliniciens lors de la prise en charge de patients colonisés ou subissant des gestes invasifs sur peau lésée.