Selon les données récentes de la littérature, les formes sévères de dépression représentent environ la moitié de l’ensemble des épisodes dépressifs caractérisés ; leur prise en charge est, de ce fait, un véritable enjeu de santé publique. Leur traitement repose en premier lieu, selon les recommandations des différentes autorités de santé, sur les médicaments antidépresseurs. Une méta-analyse récente sur 12 antidépresseurs de nouvelle génération (Cipriani et al., 2009) a montré que ces produits ne sont pas tous équivalents dans le traitement des dépressions majeures et qu’il existe des différences aussi bien en termes d’efficacité que d’acceptabilité. Ces différences d’efficacité apparaissent également vraies dans le traitement des dépressions sévères. Des publications très récentes ont montré, à l’aide de méta-analyses portant sur de larges populations de patients inclus dans des essais cliniques, une supériorité d’efficacité de l’escitalopram (qui est l’énantiomère le plus actif du composé racémique, le citalopram) dans les dépressions sévères (définies par un score total à l’échelle MADRS ≥ 30). Une analyse poolée de Kilts et al. (2009) a évalué la réponse au traitement en fonction de la sévérité initiale de la dépression, sous escitalopram et sous six comparateurs : citalopram, duloxétine, fluoxétine, paroxétine, sertraline et venlafaxine. Elle montre que le taux de répondeur aux différents traitements diminue lorsque la sévérité initiale augmente, ce qui est conforme aux données de la littérature, sauf pour l’escitalopram, pour lequel le taux de répondeurs reste stable. Une analyse poolée de Kennedy et al. (2009), reprenant en partie les mêmes études, a montré, pour l’ensemble des patients dont la dépression était sévère, une supériorité statistiquement significative de l’escitalopram sur les six mêmes comparateurs (différence estimée moyenne de 1,8 au score total MADRS [p < 0,0001] ; taux de répondeurs de 64,4 % versus 55,8 % [odds ratio = 1,60,p < 0,0001] ; taux de rémission de 47,7 % versus 41,6 % [odds ratio = 1,39,p < 0,0007]). Parallèlement à la significativité statistique des résultats, le critère de pertinence clinique des différences mises en évidence entre produits est d’une grande importance. En matière d’antidépresseurs, les critères de pertinence clinique les plus utilisés sont la différence des taux de répondeurs, lenumber needed to treat(NNT), et dans une moindre mesure, la différence des taux de patients en rémission et la différence d’effet du traitement. Montgomery et Möller (2009) ont évalué la pertinence clinique, selon ces critères, des résultats montrant une supériorité d’efficacité de l’escitalopram sur trois produits : le citalopram, la paroxétine et la duloxétine. Ils ont ainsi établi cette pertinence clinique pour l’ensemble des patients déprimés, mais aussi dans le cas particulier des dépressions sévères. L’ensemble de ces nouvelles données viennent confirmer l’intérêt de l’escitalopram dans le traitement des dépressions caractérisées, et en particulier de leurs formes sévères, avec un rapport efficacité/acceptabilité particulièrement favorable.