IntroductionLe tableau clinique de l’intoxication aux organophosphorés (IOP) est dominé par des signes respiratoires et neurologiques. L’atteinte cardiaque est plus rare, grave et peu connue des cliniciens.ObservationF.B, 17 ans, a été adressée intubée, aux urgences suite à une intoxication à un organophosphoré. À son admission, la patiente était comateuse avec un syndrome muscarinique. Son état hémodynamique était stable. La radiographie pulmonaire et l’ECG d’admission étaient normaux. Un lavage gastrique et un traitement atropinique ont rapidement été institués. L’examen toxicologique du liquide gastrique a mis en évidence la présence de malathion. Vingt heures après son admission, la patiente a présenté un état de choc cardiogénique. La radiographie pulmonaire montrait des signes d’OAP et l’ECG : une ischémie sous-endocardique circonférentielle. Malgré les traitements vasopresseurs et inotrope positif, la patiente est rapidement décédée. L’examen autopsique du cœur a révélé de multiples foyers de nécrose.DiscussionLes manifestations cardiaques sont causées par de nombreux mécanismes souvent associés. L’atteinte cardiaque se manifeste essentiellement par de nombreuses modifications électrocardiographiques : arythmies, troubles de la repolarisation, troubles de la conduction… Sur le plan hémodynamique, une insuffisance circulatoire est possible. Les arythmies ventriculaires qui ne répondent pas à la lidocaïne ou à la cardioversion électrique sont traitées efficacement par injection d’isoprotérénol et/ou par stimulation ventriculaire et récemment par l’utilisation des sels de magnésium.ConclusionSi le tableau clinique de l’IOP est dominé par les signes neurologiques et respiratoires, il faut toujours garder à l’esprit la possibilité de survenue des atteintes cardiaques (précoce ou tardive) dont le pronostic est très souvent fâcheux.