L’automédication antibiotique se pose avec gravité dans les pays en développement où ces médicaments sont facilement disponibles souvent sans ordonnance médicale.ObjectifsEstimer et décrire l’automédication antibiotique de même qu’identifier les facteurs et les perceptions du public associés à cette automédication.Patients et méthodesDix-huit pharmacies privées ont été aléatoirement sélectionnées à Abidjan. Les données ont été recueillies à l’aide de questionnaires structurés et de guides d’observation. Des focus groups ont été également réalisées avec le public fréquentant les pharmacies privées et le personnel de ces pharmacies.RésultatsMille cent vingt-trois achats d’antibiotiques ont été observés dont 242 achats réalisés en automédication (21,5 %). Sur 1765 personnes interviewés, 1054 (59,7 %) ont obtenu des antibiotiques pour une automédication dans les 12 mois précédant notre étude. Le personnel des pharmacies a délivré les antibiotiques aux clients en fournissant très rarement des informations sur la posologie, la prise en fonction des repas et la durée du traitement. La régression logistique a indiqué que la probabilité de pratiquer l’automédication antibiotique augmente avec l’âge, le niveau scolaire et l’achat d’antibiotiques au marché. Au contraire, cette probabilité diminue avec l’adhésion à une assurance maladie, la connaissance des risques liés à la pratique de l’automédication et la capacité à définir la résistance bactérienne.ConclusionsCette étude constitue la première conduite en Côte d’Ivoire analysant les facteurs impliqués dans l’automédication antibiotique. Elle souligne la nécessité d’implanter des interventions durables pour le contrôle de l’utilisation des antibiotiques.