Points essentielsLe suicide constitue en France la deuxième cause de décès chez les 15-24 ans,16 % de la mortalité juvénile étant imputable au suicide. Le taux des tentatives de suicide dans cette tranche d’âge est estimé à environ 40 000 cas annuels.La défenestration, ou plus globalement la précipitation, représente 6 % des suicides aboutis, cette modalité étant utilisée deux fois plus souvent chez les filles que chez les garçons.Les conséquences somatiques graves et les fréquentes séquelles d’une défenestration peuvent occuper longtemps le devant de la scène, au risque de banaliser la psychopathologie qui sous-tend un passage à l’acte aussi violent.Ces situations cliniques impliquent tout particulièrement une prise en charge multidisciplinaire comportant la participation précoce et active d’équipes de psychiatrie de liaison.Une défenestration peut survenir même en dehors de maladies psychiatriques avérées, telles que les troubles psychotiques et les troubles de l’humeur.Les quatre cas cliniques rapportées ici attirent l’attention sur les facteurs de risque que constituent une habitude de prise de toxiques(alcool, cannabis, mais aussi cocaïne, ecstasy…), la notion de tentatives de suicide antérieures et de divers troubles des conduites à valeur autodestructrice ou témoin d’une impulsivité sous-jacente (troubles du comportement alimentaire, scarifications, vols à l’étalage, fugues…), le rôle précipitant de la perte récente d’un parent ou d’un éloignement conséquent du foyer familial, l’effet de contagion potentielle, en particulier à cet âge, de cas de suicide spectaculaires amplifiés par les médias (« effet Werther »).Paradoxalement, l’appartenance à un milieu social favorisé peut aussi parfois contribuer au risque de tels passages à l’acte, lorsque les figures parentales ont remplacé affection et disponibilité par une abondance d’objets de consommation et une permissivité, ouvrant notamment la voie à la rencontre avec divers toxiques.